« D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment un infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-di
Philosophie
MrDauf1
Question
« D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment un infinité de perceptions en
nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont
nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont trop petites et en trop grand nombre ou
trop unies., en sorte qu'elle n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent
pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.(...) Et pour juger
encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de
me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est sur le
rivage. Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bien que l'on entende les parties qui composent
ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse
connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensembles, c'est-à-dire dans ce mugissement
même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule. Car il faut qu'on en soit affecté
un peu par le mouvement de cette vague et qu'on ait quelque perception de chacun de ces bruits,
quelques petits qu'ils soient; autrement on n'aurait pas celle de cent mille vagues car cent mille rien
ne saurait faire quelque chose. (...)
Ces petites perceptions sont donc de plus grande efficace par leur suite qu'on ne pense. Ce sont elles
qui forment ce je ne sais quoi, ces goûts, ces images, ces qualités des sens, claires dans l'assemblage,
mais confuses dans les parties, ces impressions que des corps environnants font sur nous, qui
enveloppent l'infini, cette liaison que chaque être a avec tout le reste de l'univers. On peut même dire
qu'en conséquence de ces petites perceptions, le présent est gros de l'avenir et chargé du passé, que
tout est conspirant et que dans la moindre des substances, des yeux aussi perçants que ceux de Dieu
pourraient lire toute la suite des choses de l'univers. Quae sint, quae fuerint, quae mox futura
trahantur.("qui sont, qui ont été, et qui surviendront dans l'avenir,", Virgile)»>.
G. Leibniz, Les nouveaux essais sur l'entendement humain, Préface
Bonjour je doit faire une explication du texte mais je du mal à comprendre le texte surtout au milieu (« Et pour juger … » a « chose ») est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer svp ?
nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont
nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont trop petites et en trop grand nombre ou
trop unies., en sorte qu'elle n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent
pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.(...) Et pour juger
encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de
me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est sur le
rivage. Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bien que l'on entende les parties qui composent
ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse
connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensembles, c'est-à-dire dans ce mugissement
même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule. Car il faut qu'on en soit affecté
un peu par le mouvement de cette vague et qu'on ait quelque perception de chacun de ces bruits,
quelques petits qu'ils soient; autrement on n'aurait pas celle de cent mille vagues car cent mille rien
ne saurait faire quelque chose. (...)
Ces petites perceptions sont donc de plus grande efficace par leur suite qu'on ne pense. Ce sont elles
qui forment ce je ne sais quoi, ces goûts, ces images, ces qualités des sens, claires dans l'assemblage,
mais confuses dans les parties, ces impressions que des corps environnants font sur nous, qui
enveloppent l'infini, cette liaison que chaque être a avec tout le reste de l'univers. On peut même dire
qu'en conséquence de ces petites perceptions, le présent est gros de l'avenir et chargé du passé, que
tout est conspirant et que dans la moindre des substances, des yeux aussi perçants que ceux de Dieu
pourraient lire toute la suite des choses de l'univers. Quae sint, quae fuerint, quae mox futura
trahantur.("qui sont, qui ont été, et qui surviendront dans l'avenir,", Virgile)»>.
G. Leibniz, Les nouveaux essais sur l'entendement humain, Préface
Bonjour je doit faire une explication du texte mais je du mal à comprendre le texte surtout au milieu (« Et pour juger … » a « chose ») est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer svp ?